Le bar idéal (encore)

Le bar idéal peut offrir une vue extraordinaire par moments, et aucun intérêt à d’autres.

Il faut être vigilant.

Le site de Pounda sur l’île de Paros est bien connu des véliplanchistes et autres kitesurfers. Une sorte de pointe avançant dans la mer, une cassure de la géographie, et surtout un vent, un vent… un vent qui ne s’arrête jamais de souffler.

Lorsqu’on ne navigue pas, lorsqu’on ne survole pas les flots, que reste-t-il à Pounda ? Une vague plage sans grande originalité, quelques loueurs et vendeurs de matériel. Pas grand chose.

La journée à Pounda, rien ne se passe, hormis le spectacle des acharnés glissant, surfant, sautant, volant.

Un peu de patience, pourtant, est la bienvenue…

Car la journée s’achève. Les appareils se posent. Les surfeurs se rentrent. Les loueurs ferment.

Et Pounda révèle sa parfaite orientation. Plein ouest.

Le soleil descend. La boule de feu en atterrissage contrôlé fait briller la mer. Eclaire la terre. Et une évidence s’impose : il faut trouver LE bar.

Il existe, nécessairement, ce bar idéal posé sur une plage à Pounda. Un rapide panoramique nous en informe, nous nous dépêchons d’aller siéger.

Les places sont chères, il faut le premier rang. Il faut les sièges face à la mer, sans personne devant.

Ravis, nous nous installons.

Et la piña colada arrive. Qui l’a commandée, je ne sais plus, mais elle est bienvenue. Mousseuse, généreuse, son lait écumeux invite les lèvres à s’y poser. Délicatement, comme l’on goûterait un cappuccino bien monté, puis plus goulûment à mesure que l’appel de l’alcool se fait entendre derrière le sucre et le fruit. Les yeux sur le feu, les lèvres dans la glace, l’alcool se répand dans le corps et augmente la sensibilité.

La beauté de Pounda en est transcendée.

Régulièrement, imperceptiblement d’abord puis inexorablement, le soleil descend. Se rapproche de l’eau, envoie les ombres de plus en plus loin, crée des reflets sombres et tourmentés. Il nous happe.

Et nous aussi, nous continuons la descente. Après la première coupe, la deuxième. Le coup de fouet remplacé par un coup de massue, toute une journée au soleil se transforme en fatigue. Le soleil s’approche dangereusement de la mer, il va nous faire l’affront de disparaître.

Lorsque la coupe est vide et que les premières lèvres de feu touchent l’eau, nous ressentons une légère tristesse. La fin est proche, l’alcool n’a plus d’intérêt, la beauté transitoire de Pounda s’apprête à s’évanouir dans le crépuscule. Calés dans nos fauteuils de parterre, aux meilleures places du plus beau spectacle, nous sommes déçus.  Trouvons la fin trop rapide, un peu triste, convenue, les espoirs d’un crescendo permanent encore une fois déçus.

Comme tous les soirs.

Alors nous commandons et vidons machinalement une dernière piña colada. Puis nous nous levons. La tête tournant légèrement. Les jambes vacillant quelque peu.

Le soir est tombé, Pounda n’a plus d’attrait, nous partons, allons poser quelques îles dans notre océan d’alcool.

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