Rimaye écroulée, lèvre déchirée, neige liquéfiée
le trou béant au bouchon aberrant menace d’effondrement
La montagne en perdition craque de toutes pierres, délite ses sommets, se défait une beauté
révèle son caillassage sous le blanc disparu
Mais où sont les neiges d’antan ?
Le glacier recule de peur, il hoche ses crevasses, ébroue ses épaules
rejette au loin les pierres géantes et roulées des moraines
Le sable issu de meules qui tournent dans le même sens toujours
et jamais ne s’arrêtent de moudre, forme des petits tas risibles
Mais où sont les neiges d’antan ?
Une femme porte sa main au soleil contre les reflets du blanc qui déraille
les yeux parés de sa paume en réflexe inutile
Le blanc à l’entour est sali, ou jauni, ou grisé, désabusé
elle ne doit plus en craindre qu’une lumière imparfaite
Mais où sont les neiges d’antan ?
Un homme chemine, les pieds dubitatifs au son des cailloux
il attendait la neige il attendait le froid, la glace qui projette au loin les reflets
et trouve sous ses pieds des impures matières
des ornières, des amas, des grappes de pierre
Il interroge son cœur : mais où sont les neiges d’antan ?