Une vacuité poussiéreuse, épicée, un vent de fin de vie qui peine à souffler, une ville qui se terre dans les sursauts d’une terre morte, pour éclore.
Mon regard s’arrête sur un groupe de bonzes en apprentissage, qui me fixent. Mais leurs yeux se taisent. Ils ont vu la montagne, le soleil, la neige, et la terre trembler à Katmandou. Plus rien n’est pour eux, plus rien qu’une grave innocence teintée de profondeur. La magie qui les attire respire la force, le vent, la poussière, les espaces. Ils vont colorer de leurs habits pourpres les marchés, les places, les entourages et les temples, et les sillonner pour enrichir la terre d’un futur, l’ensemencer d’un esprit, la faire revivre.
Ce qu’ils regardent, c’est un homme allongé par terre qui se vrille. Ou un autel chargé d’encens. Ou un mandala prêt à être dispersé. Entre curiosité, inquiétude et tristesse, leurs regards hésitent. Derrière, un plus sceptique se demande. Et fendille l’unité de sa bouche expressive.
Le groupe de jeunes moines repart faire le tour de la place.